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Source: Dynamique-Mag.com |
Comme l’explique bien M. Clay Shirky dans cette conférence, le Web social opère une profonde révolution au sein des communautés. L’abaissement des coûts de coordination habilite une nouvelle forme d’autogestion. De nouvelles méthodes d’organisation se développent alors que le Web devient une commodité dont les coûts d’utilisation tendent vers le zéro. Les barrières à l’entrée s’effondrent.
Des plateformes Web relationnelles de toutes sortes se multiplient et permettent la collaboration sous diverses formes. Les plateformes sociales facilitent la formation de communautés d’intérêts, les forums et portails spécialisés facilitent les projets collaboratifs et des marchés numériques facilitent le commerce entre consommateurs (C2C).
De ces tendances émerge une nouvelle forme d’économie, à mi-chemin entre les communautés d’intérêts et les plateformes commerciales se développe un marché de partage. Un récent billet de Marie-Julie Laperrière en décrit les caractéristiques fondamentales :
- l'utilisation de la capacité excédentaire;
- l'usage plutôt que la propriété;
- la multiplicité des fonctions d'un bien ou d'un service;
- la dématérialisation des intermédiaires grâce aux plateformes numériques.
C’est bien les plateformes numériques qui fournissent l’outil, mais c’est surtout les communautés d’intérêts du Web social qui alimentent le modèle collaboratif.
Le chambardement des marchés traditionnels
Le phénomène bouleverse l’industrie du taxi et de l’hôtellerie, les premiers marchés fortement affectés, mais ne s’arrêtera pas à ces secteurs. L’économie collaborative se développe dans tous les domaines d’activité. L’Hébergement, le transport, l’alimentation, l’équipement, les services en tout genre (entraide, culture, enseignement). On y retrouve également tout un spectre d’interaction allant des services purement relationnels (bénévolat et plateformes gratuites) aux services corporatifs transactionnels (Uber/Airbnb).
L’appauvrissement social
Si certaines plateformes transactionnelles offrent une réelle valeur communautaire (tels que kijiji et eBay) certains dénoncent le phénomène de l’Ubérisation poussé à l’extrême. L’émergence de nouvelles professions de l’économie de partage ne semble pas avantager le capital humain. Il en résulte une certaine forme d’appauvrissement social pour les prestataires des services coordonnées par les grandes plateformes. Le journal Web français « Vie Publique » résume le sort des auto-entrepreneurs dans ce billet :
« n’étant pas salariés, ils ne peuvent prétendre à la protection juridique qu’offre le code du travail ; n’étant pas réellement indépendants, ils ne bénéficient pas de la protection économique que donne la multiplicité des donneurs d’ordre »
Ainsi, il semble que l’émergence d’une certaine forme d’institutionnalisation de l’économie de partage n’offre guère de protection aux usagers qui se retrouvent sans aucune forme de filet social ou de garanties de services.
La pression du « just in time »
Cette nouvelle économie se développe évidemment au cœur d’un environnement dont la tendance est aux services sur demande. Le modèle « just in time », la quintessence de l’efficience des réseaux modernes, est sans pitié pour les travailleurs de l’économie partagée. La désinstitutionalisation permet certes d’importantes économies de gestion, mais laisse également les acteurs de cette activité sans intermédiaires pour assumer les risques et absorber la pression.
Conclusion
L’institution offre une sécurité évidente. Elle engage des coûts de gestion, mais endosse une certaine imputabilité face à la qualité des services et à la protection de ses travailleurs. Malgré tout, l’économie de partage demeure un puissant système de valorisation des ressources individuelles au sein des communautés. Le marché collaboratif brise l’isolement des individus et des ressources et habilite de petits gestes locaux à impact global. Cependant, l’institutionnalisation de l’économie de partage présente encore beaucoup d’inconvénients pour les acteurs d’un modèle qui offre peu de protections.
Pour en savoir plus sur le sujet :
L’économie sociale est taxable
L'économie on-demand crée plus de valeur qu'elle n'en détruit
L'économie collaborative, un modèle alternatif d'utilisation des ressources
L'économie circulaire est une stratégie d'affaires
L’économie collaborative : Faire plus avec ce qui existe déjà!
Tres intéressant article. Merci beaucoup.
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